Des chants et le son du « Djembé » (tam-tam) laissent croire que l’on est à un moment festif. Que non. Il s’agit d’un atelier, une activité normale où chants, danses et autres représentations sont parfaitement exécutés par les élèves.
Mais avant, des tout-petits de la maternelle, assis à même le sol, écoutent attentivement leur encadreur, une maitresse qui leur parle des bienfaits de l’entraide et du partage. Une leçon apparemment bien comprise par les enfants.
Ici, c’est avec enthousiasme que les enfants retrouvent leur école et apprennent dans la joie. « Ils viennent comme s’ils allaient chez eux », se réjouie la première responsable de l’établissement, Mme Ettié Eudoxie. Contrairement à d’autres établissements où l’enfant a peur d’être en face de son maitre qu’il considère comme un « bourreau ».
Il est 10 h, c’est l’heure du goûter. Les enfants vont tour à tour à la cantine, en commençant par les tout-petits, en ordre et dans une ambiance plus que familiale. La discipline est de mise.
Pendant qu’ils prennent leur repas, les encadreurs veillent toujours afin d’éviter d’éventuel désordre. Mais à moins que ne se déclenche une crise, il est difficile de distinguer un enfant porteur de handicap d’un autre.
Toutefois, quand survient une crise, les encadreurs sont assez outillés pour la gérer. Pendant que nous y sommes, un enfant pique une crise. Très vite, il s’est retrouvé dans les bras de la directrice et en moins d’une minute, elle a réussi à le calmer et tout s’est poursuivi comme si de rien n’était. Pas étonnant pour cette dame expérimentée qui les côtoie depuis 25 ans.
Un personnel dévoué et au service des enfants
A côté d’une direction qui met tout en œuvre pour l’épanouissement des élèves, se trouve un personnel dévoué et au service des enfants.
Témoignages
Maitresse de la maternelle :
Certes, il y a une différence entre les enfants du dehors et ceux d’ici. Mais l’amour que nous avons pour eux est suffisant pour que nous soyons là. De visu, c’est un peu difficile de reconnaitre un enfant souffrant de handicap. Mais le fait d’être avec eux tout le temps, vous vous rendez compte que tel enfant a telles difficultés.
Le plaisir que je tire, c’est la joie de vivre. Car, ces enfants sont porteurs d’amour. Ils nous apportent la joie. Avec ces enfants, on ne s’ennuie pas et on apprend aussi auprès d’eux.
Djedji Célestine, maitresse des enfants en difficulté
Au départ je prenais les élèves de la moyenne section, de la petite et de la grande section. Mais, les maitresses qui venaient encadrer les enfants en difficulté n’arrivaient pas. Elles venaient et repartaient.
Donc la directrice m’a approché pour savoir si je pouvais encadrer ces enfants en difficulté. J’ai dit, je vais essayer. C’est ainsi que je suis resté avec eux jusqu’à présent.
J’arrive à les encadrer. Je les prends comme mes enfants. Je n’ai pas de difficulté avec eux. A un moment, la directrice m’a proposé de changer de classe. Mais j’ai refusé. Ce qui fait que je veux rester avec eux. Ce sont des enfants très gentils, qui n’ont aucun problème avec quelqu’un. Tout ce que tu leur dis de faire, ils le font. Ils ont certes leur caractère mais ils sont très gentils et très intéressants.
M. Kouman Vincent, maitre djembé
Quand je les accompagne dans le chant avec le Djembé (tam-tam), ils sont contents et je sens qu’ils attendaient ça. Chaque fois que j’arrive ici, j’entends partout maitre Djembé, maitre djembé et quand je leur apprends à chanter, tout rentre dans l’ordre.
Quand je m’absente et que je reviens, je sens que les enfants sont heureux de me revoir
Aujourd’hui, les gens ont tendance à dire que c’est à l’école qu’on peut réussir. Je dis non. Il y a la peinture, le chant. Si les gens avaient mis cela en pratique dans les établissements, ils allaient voir que leurs enfants seraient instruits.
Dassi Robert : maitre artistique
J’enseigne les cours d’art plastique aux enfants depuis plus de 20 ans. J’ai fait l’école des beaux-arts. Mais vu la situation des enfants qui avaient besoin d’élever leur niveau, de les aider à sortir de leur handicap, il fallait le dessin. Par compassion, j’ai dû travailler avec ces enfants pour leur évolution. Le dessin est un élément déclencheur. Il déclenche une situation. Il donne l’expérience à l’enfant. Il apprend la patience et la maitrise de soi. Ça lui donne aussi la faculté de bien écrire. Le dessin est un tout. Il réunit tous les éléments qui aident l’enfant dans son développement.
Ce qui me satisfait, c’est que j’ai vu des enfants sortir de cet handicap et évoluer par l’art plastique, par la manière de les tenir. L’art a constitué un déclic.
J’encourage les établissements à engager des maitres d’arts plastiques parce que le dessin c’est l’élément fondamental du monde. Ces professeurs peuvent aider à élever le niveau des enfants. Madame la directrice d’ici a compris très tôt.
Lambert KOUAME
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